Exposition collective — Éteindre la nuit
L’exposition collective Éteindre la nuit a eu lieu du 12 septembre au 3 novembre 2024 sous le commissariat de Josianne Poirier. L’exposition a rassemblé les œuvres de d’Olivia Boudreau, Lisa Hirmer, Anna Jane McIntyre, Diane Obomsawin, Corinne Silva, Carl Trahan et D’Arcy Wilson.
Éteindre la nuit
Un texte de Josianne Poirier,
Commissaire
L’obscurité est en voie de disparition. Avec l’apparition de la lumière électrique au XIXe siècle et son adoption généralisée au début du siècle suivant en Occident, tant dans les centres urbains que dans les campagnes, l’alternance millénaire entre le jour et la nuit a été bousculée de manière radicale. Ce changement récent dans l’histoire modifie les habitudes de reproduction, de migration et d’alimentation d’un grand nombre de vivants. Ce faisant, il menace la biodiversité. Les usages sociologiques et esthétiques de la lumière artificielle semblent trop souvent avoir préséance sur les besoins écologiques en obscurité.
L’exposition Éteindre la nuit s’inscrit dans une volonté de réfléchir à une meilleure cohabitation nocturne entre les espèces. Elle le fait toutefois en tenant compte du paradigme visuel propre à l’animal diurne qu’est l’humain. Si la conquête de la nuit par la lumière s’est d’abord opérée au nom de la sécurité des personnes et de l’augmentation du temps productif, elle répond également à une peur ancienne de l’obscurité. Lorsque la vue est empêchée, l’imagination s’active bien que d’autres sens puissent prendre le relais.
Comment ressentons-nous dans l’obscurité ? Qui sont les êtres avec qui nous partageons l’espace-temps de la nuit ? Comment cette cohabitation se vit-elle au sein des espaces ordinaires du quotidien ? Les œuvres des sept artistes réuni·e·s dans l’exposition éveillent notre attention à ces questions.
Éteindre la nuit explore différentes facettes de l’expérience individuelle et collective de l’obscurité – individuelle en ce qu’elle modifie la perception que le corps a du milieu où il se trouve, collective parce qu’elle est toujours partagée et qu’elle doit être regagnée au nom de notre devenir commun. À travers les sept œuvres qui la composent, Éteindre la nuit est une invitation à considérer comment l’obscurité enrichit la vie.
Diane Obomsawin, Callisto, 2015. Vue de l’installation, Fondation Grantham, 2024. Photo : Richard-Max Tremblay.